Accepter le paradoxe en soi

Je me suis toujours sentie paradoxale. 

J’ai toujours eu du mal à trouver ma place, à trouver qui j’étais

Mes deux parents sont très différents l’un de l’autre.

Un aime la ville, l’autre la nature.

Un aime le luxe, l’autre la simplicité.

Un est un extraverti né, l’autre une introvertie solitaire. 

Pour généraliser et faire dans les gros clichés.

Et je me rappelle, il y a encore quelques années, me demander - entre tout ça, qui j’étais. 

J’avais la profonde sensation d’être un mélange des deux. Un mélange de leurs deux cases.

Un mélange paradoxal qui n’avait rien de cohérent, rien de logique. 

J’aimais porter de beaux habits, de belles marques, aller dans de beaux restaurants, de beaux hôtels, et pourtant j’adorais vivre à la ferme, passer mes samedis à m’occuper de mes poules et à réparer les clôtures. 

J’aimais le dynamisme de Paris, voir du monde, courir d’une activité à l’autre, ne jamais s’arrêter, et pourtant j’adorais partir en montagne retrouver le calme, le silence, ne parler à presque personne et revenir au temps long. 

Et je n’arrivais pas à me trouver là-dedans.

Je pensais être perdue, ne pas assez me connaître. Je pensais devoir choisir, un jour.

Soit l’un, soit l’autre.

Car il m’était totalement impossible de considérer que je puisse être tout ça à la fois. 

D’ailleurs, j’ai d’abord été l’un, puis l’autre. 

De mes 20 à 25 ans, j’ai vécu à Paris. Je recherchais le luxe, les beaux endroits, les beaux voyages.

Je voyais du monde, je sortais beaucoup.

Je restais en ville, et vivais une vraie vie de citadine. 

Puis mon cerveau a craqué, et est allé dans l’extrême opposé. 

De mes 25 à 27 ans, j’ai vécu à la ferme. Près de Toulouse, au calme, avec plein d’animaux.

Je passais mes week-end en montagne, je voyais peu de monde, je ne faisais plus très attention à mes tenues, je n’allais plus en ville, je n’allais plus dans de beaux restaurants… 

Vous avez compris. 

C’est en arrivant ici, en Haute-Savoie, que j’ai réussi à trouver mon équilibre.

À allier et fusionner ces parties de moi, paradoxales de prime abord. 

Parce que j’ai vu beaucoup de gens se l’autoriser. 

Je pense à une de mes amie ici, en particulier.

Chaque matin, je la voyais arriver au travail très coquette, très bien habillée, vernis toujours fait, maquillage toujours parfait.

Et le week-end, je l’écoutais me raconter ses excursions en montagne, manger une fondue dans un pauvre réchaud et dormir sur un tapis de sol en refuge. 

Beaucoup travaillent en ville la semaine, et sont en pleine nature le week-end. 

Beaucoup gagnent très bien leur vie, et font des activités qui ne leur coûtent pas un centime le week-end. 

En réalité, je crois que nous avons tous, à un certain degré, des parts paradoxales en nous.

Que nous laissons coexister plus ou moins facilement. 

Au nom de la cohérence.

Parce que c’est tellement plus simple de rentrer dans une case, et de ne pas avoir à se justifier.

De ne pas avoir à justifier sa propre incohérence auprès des autres. 

Moi-même, je me vois lutter à la justifier auprès de certains de mes proches. Notamment concernant mes opinions, car mes comportements peuvent être paradoxaux. 

J’ai décidé de réduire au maximum ma consommation de viande, et pourtant j’en mange encore parfois. Quand je craque, quand je suis invitée, ou quand j’ai un repas de famille. 

J’ai décidé de ne presque plus prendre l’avion, et pourtant je vais aller voir ma soeur en Tanzanie à la fin de l’année. 

J’ai décidé de limiter mon impact environnemental, et pourtant je prends les bateau tous les jours, ça m’arrive encore d’acheter de la fast-fashion et j’utilise ma voiture pour partir en montagne chaque week-end. 

Et ça, aux yeux du monde, c’est paradoxal. 

Parce que c’est soit noir, soit blanc.

Comme si ça ne pouvait plus être gris.

La dernière fois, une amie m’a dit qu’elle recherchait quelqu’un de versatile.

Je l’ai trouvé beau, ce mot. Bien plus que “paradoxal” ou “incohérent”, qui ont des connotations négatives.

Il vient précisément mettre en lumière ces différentes parts de nous et montrer que nous pouvons passer de l’une à l’autre.

Sans avoir à nous justifier :

Vous pouvez être introvertie, et pourtant aimer voir du monde pour vous sentir vivante ;

Vous pouvez être citadine, et pourtant avoir besoin de partir en nature pour vous recharger ;

Vous pouvez être sophistiquée, et pourtant adorer passer vos week-end en tenue de sport (ou de bricolage. de ferme…) ;

Vous pouvez être simple, et pourtant prendre du plaisir à aller dans de beaux endroits, habillée avec de beaux habits ;

Vous pouvez être féminine, et pourtant aimer les activités “d’hommes”, mettre des habits larges et boire une bière devant la télé.

L’un n’annule pas l’autre.

Aucun des deux ne définit qui vous êtes.

Vous pouvez être qui vous voulez, à chaque instant.

Il suffit de le décider et surtout, de vous l’autoriser.

Sans avoir besoin de vous justifier.

J’espère profondément que ces lignes auront ou vous libérer de ces cases dans lesquelles - parfois, on se met.

J’espère qu’elles auront pu vous inspirer à laisser émerger ces parts de vous que vous aviez mises de côté. Car trop incohérentes, trop paradoxales, trop différentes de ce que l’on attend de vous.

Soyez versatile, soyez libre, soyez vous ; et je crois que tant pis, si ça dérange.

Dites-moi en commentaire si ça résonne et quelles parts de vous semblent paradoxales !

Je vous embrasse fort,

À mardi prochain,

Florine

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