La jalousie est un vilain défaut ?
Pour être tout à fait honnête, je crois que c’est un article assez difficile à écrire.
Parce qu’il vient toucher une de mes blessures les plus profondes en amour, qui s’est toujours traduite (et se traduit encore) de cette façon : être jalouse.
C’est une partie de moi que j’ai toujours préféré cacher, ne pas trop assumer.
Car elle est honteuse, car elle est mal vue.
Je suis loin d’être cette femme “chill”, “confiante” et “sure d’elle” en amour : je me compare sans cesse aux autres femmes, j’ai toujours peur de ne pas être “assez” - assez bien foutue, assez intelligente, assez cultivée, assez sportive…
Et chez moi, ça se traduit avec de la jalousie.
C’est en tout cas le mot que je pose dessus.
Si elle a été - j’imagine, difficile à vivre pour les hommes qui m’ont entourés, je tiens aujourd’hui à en parler car c’est une émotion qui, je réalise, m’a toujours fait terriblement souffrir.
Je ne pouvais pas supporter l’idée que mon copain s’intéresse à une autre fille ;
Qu’il la trouve jolie ;
Je ne pouvais pas voir mon copain discuter avec une autre fille sans me dire “qu’est ce qu’il lui trouve de plus qu’à moi?”
Sans avoir peur qu’il la trouve meilleure que moi et parte ;
Je ne comprenais pas qu’il veuille passer du temps sans moi, en week-end ou en vacances, avec d’autres personnes, loin de moi ;
Je me suis souvent crue folle, hystérique, excessive, avec un problème.
Je me suis blâmée, je me suis détestée de réagir comme ça.
J’ai cru être la cause de mes problèmes de couple, voire de mes ruptures parfois.
Mais c’était juste “plus fort que moi”.
C’est il y a seulement 2 ans que j’ai compris : lorsque quelque chose est “plus fort que nous”, c’est qu’il y a une blessure, un traumatisme à aller guérir.
À aller panser, à aller rassurer, à aller réintégrer.
C’est le signe que quelque chose en nous crie si fort, souffre si fort, qu’il n’a d’autre choix que de se signaler de cette façon-là.
Voir mon ex avec une amie à lui, avec qui il avait eu une aventure avant moi, pouvait me donner la nausée des jours avant.
Je me souviens encore de cette scène. Au restaurant, les deux en face de moi.
Je retenais mes pleurs, je retenais mes tremblements.
Je me croyais si folle, je me détestais tellement de réagir comme ça.
De ne pas arriver à bien le vivre, de ne pas réussir à ne pas le faire culpabiliser.
Car il ne faisait rien de mal, en soi.
Mais la situation me faisait si mal.
Je savais que ça venait de moi.
Je savais que ça venait réactiver une blessure si profonde, si intense. Et je le lui disais : “c’est plus fort que moi, je suis désolée”.
Honnêtement, à ce jour je n’ai pas encore mis le doigt sur ce que c’est réellement. À chaque fois je crois m’en rapprocher, mais c’est si douloureux, si profondément ancré.
C’est comme si un poignard venait s’enfoncer dans mon coeur et tourner, tourner, tourner.
C’est comme si mes poumons se rétrécissaient, comme si moins d’air passait.
C’est difficile à décrire comme sensation, mais c’est vraiment de cette façon que je le ressens.
Alors c’est tellement plus simple de la mettre sous le tapis, cette jalousie. Encore aujourd’hui, dès que je la vois arriver, je la nie.
Je remets le couvercle, je fais comme si elle n’était pas là.
Ça ne change rien, de faire ça. Strictement rien. Ça n’aide pas.
Ça ne fait que repousser le problème, encore plus loin. Qui ne ressortira que plus grand.
Honnêtement je n’y arrive tellement pas. À laisser venir cette sensation de jalousie, la ressentir, pleurer, trembler et la laisser passer. Je sais pourtant, consciemment, que c’est derrière qu’est la clef.
Je sais que c’est de cette façon que ça fonctionne lorsque je suis triste, en colère ou déprimée. J’accueille et je laisse couler.
Mais quand ça vient toucher quelque chose de si profond, qu’est-ce que c’est douloureux.
Car je crois que la jalousie, personnellement, vient réveiller des plaies béantes :
Je ne suis jamais assez bien, assez belle, assez intéressante… pour être aimée. C’est normal si l’autre part, car il trouvera forcément mieux que moi ;
Je dois être la meilleure, dans tous les domaines, pour être aimée. Ce qui est strictement impossible. Et c’est là que le piège se referme sur moi.
Des blessures de rejet, d’abandon, de trahison… les 3 à la fois.
liées à l’enfance : la comparaison permanente à ma soeur a implanté la croyance que je dois tout faire pour être vue et remarquée. Que je ne suis pas assez par le simple fait d’exister ;
liées à l’adolescence : ce que j’ai vécu comme un abandon de mon père a créé un vide si grand en moi que je crois avoir besoin de l’attention d’un homme pour le combler ;
liées à l’âge adulte : la rabaissement de la part d’un ex me rappelle sans cesse que je dois redoubler d’effort pour garder un homme. Pour rester au top. Ne jamais lâcher la garde, ne jamais me laisser aller.
Je crois que ce ne sont que des exemples. Et pourtant. C’est en venant mettre de la lumière dessus que l’on peut, je pense, apaiser nos souffrances.
Aujourd’hui j’essaie de ne plus cacher cette partie de moi. J’essaie de l’assumer et de le clâmer haut et fort.
J’ai bien dit j’essaie.
Je sais que je suis jalouse, je sais que j’ai des choses à travailler, à apaiser.
Pour le bien de l’autre certes, mais pour moi en premier. Quand j’ai rencontré mon ex, je lui en ai de suite parlé.
“La jalousie c’est un vilain défaut”, certains pourraient me rétorquer.
Alors oui, peut-être, mais ce n’est pas en la niant qu’elle disparait.
C’est justement en la niant qu’elle s’amplifie, qu’elle s’imprime et qu’elle nous fait souffrir.
Je vous embrasse fort,
À mardi prochain,
Florine