“Bodycount” : une femme peut-elle avoir le même qu’un homme ? 

J’ai parfois l’impression que l’on revient en arrière. 

Que l’on confond tout.

Je ne sais pas si c’est moi, mais je vois une vague d’anti-féminisme revenir.

Une frange de la population clamant haut et fort qu’une femme qui a beaucoup de relations ne se respecte pas. 

Qu’une femme ne puisse pas avoir le même nombre de relations intimes qu’un homme.

Que c’est plus grave.

Une femme qui a eu 15 relations est une pute ; 

Un homme qui a eu 15 relations est juste un homme. 

Je le vois surtout sur les réseaux sociaux et, pour être honnête, ça m’a beaucoup fait réfléchir. 

Alors moi aussi, je me suis questionnée. 

L’acte intime est-il vraiment différent pour une femme et pour un homme ? 

Les conséquences sont-elles les mêmes ? 

A-t-il la même symbolique

Je me sens profondément féministe. 

Je prônerai sans cesse le choix et la liberté pour chaque femme sur cette planète. 

Pour autant, moi aussi, j’ai réfléchi à la symbolique d’une femme qui dit “oui” à un rapport intime. 

Est-elle vraiment différente de celle d’un homme ? 

Je l’ai vécu plus jeune, cette différence de traitement. 

Lorsque j’ai rencontré mon ex petit ami, à 20 ans, il avait déjà eu plus d’une vingtaine d’expériences avant moi. 

J’en avais eu 4 fois moins que lui. 

Et pourtant. 

C’était moi, à l’université, qui passait pour la “pute” et la “fille facile”. 

C’était moi, dans mon couple, qui me faisait insulter. 

Mon ex m’a reproché pendant des années d’avoir eu trop d’expériences. 

Il clamait que c’était différent.

Que le nombre de relations qu’il avait eu n’avait rien à voir.

Il en avait eu 4 fois plus, mais c’était moi la “pute”

Il m’a fait croire qu’il était, dès lors, impossible de me faire confiance. 

Que j’avais dit oui trop de fois. 

Que je n’étais pas fiable. 

Que je cherchais à plaire. 

Que je n’étais pas une fille bien.  

“C’était un connard”, me direz-vous. 

Je ne crois pas. 

Je crois surtout que c’était un homme matrixé par la société. 

Moi-même, lorsqu’une femme me dit qu’elle a eu plus d’une vingtaine d’expériences, je me surprends à faire de grands yeux. Et j’en ai honte.

Parce que je sais au fond que ce ne sont que de vieilles croyances héritées depuis l’enfance. 

Qui ne veulent rien dire. Qui ne sont basées sur aucun fondement. 

“Ils ne sont pas tous comme ça”, me direz-vous également.

C’est vrai. 

Pourtant, je suis sûre que n’importe quelle femme de ce monde a déjà entendu, à son sujet ou concernant une autre femme de son entourage, de tels rabaissements. 

Je suis sûre que n’importe quelle femme de ce monde a déjà vu, de ses propres yeux, la différence de traitement entre un homme et une femme ayant eu le même nombre de relations. 

C’est quelque chose d’ambiant. 

Et pour autant, depuis quelques mois, je me dis de plus en plus que ce n’est pas rien d’avoir de l’intimité avec quelqu’un. 

Je crois que je comprends une infime partie de ce que veulent dire ces gens :

Ce n’est pas anodin, d’avoir un rapport avec quelqu’un 

Je crois de plus en plus que nous l’avons banalisé, désacralisé. 

Nous oublions que lorsque nous entrons en intimité physique avec une personne, nous restons connecté.es à elle plusieurs mois après. 

Pendant 6 mois, nous pouvons encore ressentir ses émotions. Sa tristesse, sa colère, sa joie… Car un lien a été créé entre nos deux inconscients. 

Alors je suis d’accord sur le fait de sacraliser à nouveau cet acte (tout en gardant bien en tête, toujours, que chacune puisse faire ce qu’elle veut de son corps).

Je suis d’accord sur le fait que ce n’est pas rien pour une femme de coucher avec un homme. 

Mais ce n’est pas rien non plus pour un homme de coucher avec une femme. 

J’ai vraiment - vraiment, essayé de trouver une raison pour laquelle ce serait différent. 

J’ai vraiment essayé de comprendre d’où viendrait cette différence. 

Crûment, je me suis réellement demandé si se faire pénétrer et pénétrer était différent. 

Je n’ai pas trouvé. 

Du moins, j’ai trouvé ça autant impliquant des deux côtés. 

Le rapport se fait à deux, et il y a à mon sens autant de symbolique et d’intensité des deux côtés. 

Il y a la même envie, la même volonté des deux côtés.

Ce n’est pas plus “grave” pour la femme que pour l’homme

Avant, lorsqu’il n’y avait pas la contraception, ça avait une incidence.

Sur la lignée, sur la descendance, sur la famille. 

Mais aujourd’hui ce n’est plus le cas. 

Notre corps n’est plus une question de territoire, de lignage. 

Il n’est qu’une question de plaisir. 

Alors peut-être être ça, qui dérange ? 

Le fait qu’une femme puisse désormais jouir pleinement de son corps sans que cela n’ait aucune incidence ? 

Le fait qu’il n’y ait donc plus aucun contrôle sur ses choix ? Plus aucune façon de lui dire avec qui elle a le droit de créer de l’intimité ? 

C’était il n’y a pas si longtemps, dans l’échelle de l’humanité. Forcément que ça a laissé des traces, des croyances. Des mémoires héritées de nos ancêtres, que nous portons désormais. 

Car à ce jour,

Aucun argument raisonnable ne permet d’expliquer qu’un homme qui couche avec une femme soit moins grave que l’inverse

Les deux ont la même valeur. 

Les deux ont la même symbolique. 

Les deux sont tout aussi lourds de sens. 

Je crois que lorsque la réponse est “parce que”, c’est que c’est sociétal. Et je crois bien, ici, que c’est le cas.

C’est un sujet tabou, intime, très personnel et subjectif alors j’ai hâte de lire votre avis. Laissez-le moi en commentaire, je vous lis.

Je vous embrasse fort,

À mardi prochain,

Florine

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