Je me force encore dans mes rapports intimes
J’ai fait fort dans le titre, j’en suis consciente.
Mais c’est parce que c’est encore vrai.
Tellement moins qu’avant.
Tellement moins qu’il y a même pas 2 ans.
Mais j’en ai encore vu la trace il y a quelques jours, alors que je pensais m’en être définitivement débarrassée.
L’avoir définitivement déconstruit.
C’est long, c’est un processus qui me prend du temps.
Je pars de loin, il faut dire.
Comme beaucoup de femmes de ce monde, malheureusement, je pense.
On nous apprend à dire oui. À satisfaire notre homme. À être disponible.
Une de mes croyances les plus profondes depuis que je suis adolescente, profondément ancrée en moi, c’est que si l’on ne fait pas l’amour, alors mon copain ne sera pas satisfait.
Et alors il me trompera.
Rationnellement, je sais que c’est faux.
Quand je le dis à voix haute, je sais que c’est faux.
Mais si je suis honnête avec moi-même, je sais que c’est ce qu’il y a encore au fond.
Il y a quelques jours, je retrouvais mon copain après 10 jours séparés.
J’étais fatiguée, j’étais en syndrome prémenstruel, j’avais juste envie de le retrouver, mais pas forcément d’avoir un rapport intime.
Il n’a rien forcé. N’avait aucune attente.
C’est même moi qui ai initié le rapport, alors que je n’en avais pas vraiment envie. Mais j’avais l’impression que c’est ce que je « devais faire ».
J’avais l’impression qu’il « fallait » qu’on le fasse, après avoir été séparés longtemps.
Comme si c’était un devoir.
Comme si c’était problématique de ne pas se retrouver de cette façon.
Alors que tout allait bien.
Alors que c’est la personne la plus ouverte, la plus à l’écoute sur le sujet, et qu’il ne m’a pas fait croire un seul instant qu’on devait le faire.
C’est moi, qui avais cette idée implantée en tête.
Et je m’en suis rendue compte.
Ça m’a frappé parce que ça faisait vraiment longtemps, que je ne m’étais pas forcée moi-même. Pourtant je l’ai fait, pendant des années.
Le nombre de fois ? Je ne peux même pas le compter.
Des centaines.
Au nom du « allez, ça fait longtemps ».
Au nom du « allez, le plaisir va arriver au bout d’un moment ».
Au nom du « allez, j’ai envie de lui faire plaisir ».
Je me suis choquée moi-même, parce que je pensais vraiment avoir éradiqué ces pensées.
Comme quoi, elles sont plus solides et ancrées qu’elles n’en ont l’air.
Encore plus profondes.
Encore plus vicieuses.
C’est fou, ces injonctions qui pèsent encore sur nos épaules.
C’est fou, comme c’est difficile de s’en détacher totalement.
J’ai grandi avec l’idée qu’il était de mon devoir de satisfaire les besoins sexuels de mon homme.
Je ne crois pas qu’on me l’ait dit comme tel. Mais c’est comme ça que je l’ai interprété.
Et donc avec cette idée en tête que j’ai grandi.
Je ressens toujours ce devoir sur mes épaules. Cette fonction à remplir.
Je sais qu’elle est fausse, pourtant.
J’en ai justement parlé, avec mon copain.
Et il me l’a dit :
“Je n’ai pas un quelconque rôle à remplir.
Je n’ai pas une cadence à tenir.
Je n’ai pas un désir à satisfaire”.
Je peux dire non, je dois dire non, quand je n’en ai pas envie. À lui certes, mais à moi-même surtout.
Ça peut paraître évident dit comme ça, mais ça l’est beaucoup moins quand ce sont des schémas de pensées et des comportements ancrés depuis une quinzaine d’années.
Quand le fait de dire non nous effraie.
En disant non, j’ai peur qu’il se lasse.
En disant non, j’ai peur qu’il ne me trouve pas assez.
En disant non, j’ai peur qu’il aille voir ailleurs et cesse de m’aimer.
Tant de peurs irrationnelles, mais pourtant bien présentes, en trame de fond.
Qui dictent mon comportement et mes décisions.
Cette fois-là, il y a quelques jours, je n’aurais pas dû me forcer. J’aurai dû m’écouter. Ne rien enclencher.
Ne pas écouter cette petite voix qui me murmurait « mais ça fait longtemps ». Parce que je n’y ai rien gagné.
Je me suis sentie bête.
J’ai pris moins de plaisir que d’habitude.
J’ai été énervée par moi-même.
Et lui non plus, n’y a rien gagné.
Il y avait moins de connexion. Moins de tension. Personne n’a gagné quoi que ce soit, finalement.
Et je crois que c’est important de le rappeler : un homme tire très peu de plaisir si la femme en face n’en prend pas non plus.
Je crois que c’est un mythe, ces phrases stupides :
« un homme est heureux tant qu’il tire son coup »
« un trou reste un trou ».
C’est une vision si moche de l’homme, si petite, si rabaissante, si enfantine.
Un homme un vrai ne prendra jamais plaisir à vous voir vous forcer.
Un homme un vrai cherchera autant la connexion intellectuelle et émotionnelle que vous.
Un homme un vrai tirera son plaisir du vôtre, toujours.
Ces phrases stupides, c’est celles que l’on nous rabâche lorsqu’on a 20 ans.
C’est une vision adolescente, de la masculinité. Mais pas de la vraie.
Pas de celle qui est consciente. Pas de celle qui est respectueuse.
Un vrai homme n’a pas « de coup à tirer ».
Un vrai homme n’a pas « de c** à vider ».
Je crois qu’il faut vraiment abattre ces idées inculquées. Tant pour nous, en tant que femmes, que pour les hommes.
Car elles ne servent personne.
À mardi prochain,
Florine