Fuir le couple, pour fuir la souffrance
Il y a peu, j’ai réalisé que mon mécanisme de protection quand mes blessures sont ravivées, quand je me sens en danger, c’est la fuite.
J’ai été en couple pendant plusieurs mois, et mes traumatismes n’ont jamais été autant à vif.
Ceux que je pensais être réglés depuis des années.
Ils étaient juste de côté, mais attendaient d’être réveillés.
Et en quelques mois, je n’ai jamais autant fui.
Dès que c’était trop douloureux, trop difficile à vivre, je fuyais.
Dès que je me sentais rabaissée, je fuyais.
Dès que je me sentais en insécurité, je fuyais.
Dès que je me sentais triste, je fuyais.
Comme une façon de contrôler : « avant d’être en couple je ne ressentais pas tout, alors autant tout arrêter ».
Et je crois que c’est amplifié par tout ce que je vois sur les réseaux sociaux.
Si c’est compliqué, pars.
Si ton système nerveux n’est pas apaisé quand tu es avec lui, pars.
Si ça ne rajoute pas que du plus à ta vie, pars.
Et je suis tellement d’accord.
En partie.
Parce que je prends conscience aussi que c’est seulement dans une relation que l’on peut guérir nos blessures.
Avant d’être en couple je suivais des programmes sur le couple, sur la dépendance, sur l’empouvoirement.
Je me croyais guérie.
Je me croyais prête à une nouvelle relation.
Je me croyais débarrassée de ma jalousie, de mon sentiment de ne pas être assez, de mon manque de confiance.
Mais c’est quand on remet le nez dedans que ça se réactive.
C’est facile, de se sentir guérie quand ça reste théorique. Quand on est pas dedans. Quand on est encore dans le « et si ».
Mais quand on rencontre quelqu’un qui, par effet miroir, vient appuyer sur toutes nos insécurités, c’est là, que le vrai travail de guérison commence.
Et c’est là qu’on voit la façon dont on réagit.
Moi c’est la fuite.
J’abandonne.
Je préfère partir.
Me dire que c’est trop dur.
Trop douloureux.
Que ça réveille trop de choses chez moi, et que ça ne devrait pas.
Pourtant je suis profondément convaincue que c’est exactement ce qu’il faut que ça fasse.
Piquer, réveiller, pour mieux transmuter.
Ce n’est pas en mettant le couvercle dessus que l’on guéri, c’est en plongeant à l’intérieur.
Ce n’est pas en partant que l’on guéri, c’est en restant malgré la souffrance.
Car après la souffrance, il y a toujours la délivrance.
Mais encore faut-il avoir la foi qu’elle arrivera.
Et je crois que cette fuite, elle est liée à la blessure d’abandon.
Petite, je me suis sentie abandonnée par mon père.
C’est cette blessure que je traîne.
En tout cas une des blessures.
Mais c’est elle, la plus intense.
Un jour j’ai entendu « tu t’es sentie abandonnée, tu te crois encore abandonnée par les autres, tu as peur d’être abandonnée par ton copain, mais en réalité, c’est toi qui t’abandonne ».
Ça a mis du temps, à faire son chemin.
Mais je crois que c’est vrai.
En fuyant la relation à la moindre douleur, je m’abandonne moi-même.
J’abandonne certes la relation, mais je m’abandonne surtout moi.
Et ma potentielle guérison.
Je m’abandonne moi, car je ne me crois pas capable de surmonter la douleur que je ressens.
Je m’abandonne moi, car je n’ai pas le courage de rester affronter mes démons.
Et je crois justement que c’est en restant, en arrêtant de me fuir moi-même, que je pourrai guérir de cette sensation d’abandon.
Pas en restant coute que coûte, mais tant que j’ai l’intuition c’est la bonne chose à faire pour mon évolution.
Pas en restant « juste pour le plaisir de souffrir », c’est parce que je sais qu’au fond se tient ma délivrance.
Ça a été ça, dans toutes mes relations.
Dès que ça n’allait pas, je voulais fuir.
Dès que ça devenait routinier, je voulais fuir.
Dès que ça me mettait en insécurité, je voulais fuir.
Mais parfois ce n’est qu’une solution de facilité.
Qu’une solution pour s’éloigner de soi, et de ce qui émerge quand on se retrouve face à l’autre, et donc face à soi.
On commence à guérir nos blessures en méditant, en réfléchissant, en introspectant.
Mais on entre vraiment dans le vif du sujet quand on se met en relation.
Parce que c’est là que ça vient remuer.
Que ça vient toucher, piquer, heurter, violenter.
Et je ne crois plus à ces discours sur la toxicité. Ce n’est pas toxique, c’est juste pleinement vivant.
Grandir ne se fait pas dans le calme.
Ça se fait dans la tourmente, le stress, la souffrance.
Ce n’est pas propre, ce n’est pas paisible.
C’est sale, c’est dur, c’est déchirant.
Mais ce qui fait tenir c’est d’avoir la conviction qu’au fond, se trouve la renaissance.
J’espère que ces lignes auront pu résonner, d’une façon ou d’une autre, avec votre propre histoire.
À mardi prochain,
Florine