C’est bien d’être en colère (et non, ce n’est pas être hystérique)
Ces derniers temps, je suis de plus en plus en colère.
De plus en plus souvent.
De plus en plus fortement.
Comme des pics de colère qui montent en moi.
Je sens mes joues brûler, comme si un feu partait du bas de mon corps et remontait jusque dans mon crâne.
Il s’empare de moi, puis explose.
C’est drôle, comme je découvre cette émotion à bientôt 28 ans.
Cette émotion que je refoule depuis mon enfance, que je refuse de ressentir, que je refuse de vivre.
Je me suis longtemps demandé pourquoi.
Peut-être parce que je me suis identifiée comme la fille sage, chill, qui ne fait pas de vague.
Peut-être parce que j’ai peur du conflit.
Peut-être parce que dans notre société, les femmes en colère sont catégorisées comme hystériques, folles ou « mal baisées ».
Je crois que pour moi, c’est un peu un mélange des 3.
Mais je crois que c’est parce que je n’assume pas cette part de moi, cette part en colère, cette part qui s’énerve, cette part qui s’emporte « même si c’est une blague », « même si on passe un bon moment », qu’elle explose justement.
C’est parce que je ne lui laisse pas la place d’exister dans mon corps, de prendre sa place.
Sa place légitime, pourtant.
J’en ai honte, je le vois bien.
Je déteste me voir comme ça.
Je m’excuse.
Je dis que je ne comprends pas.
Que c’est plus fort que moi.
Pourtant c’est normal de ressentir ça.
On a diabolisé cette émotion mais pourtant, c’est quand on est en colère que l’on pose nos limites. Que l’on dit non.
C’est un signal, notre boussole interne, qui nous prévient quand nos limites sont dépassées.
Quand nos besoins ne sont pas respectées.
Quand quelque chose ne va pas.
Même si notre mental ne veut pas le voir, notre corps sait.
Et c’est la colère qui se manifeste.
En tout cas chez moi.
Je la diabolise, comme beaucoup de gens dans notre société, alors que c’est une bénédiction en réalité.
C’est une chance.
C’est un indicateur.
C’est notre corps qui sait, avant même qu’on ne s’en rende compte.
C’est normal d’être en colère quand on nous manque de respect.
C’est normal d’être en colère quand on abuse de nous.
C’est normal d’être en colère quand on nous trahit, nous ment, nous utilise.
Et c’est normal d’être en colère pour tout ce qui nous touche, à nous.
On nous dit souvent « mais ce n’est pas digne, comme réaction ».
Mais pourquoi devrait-on lisser nos réactions ?
En quoi est-ce mieux de rester calme face au manque de respect ?
En quoi est-ce mieux d’être dans l’indifférence ?
De ne pas hausser le ton ?
De ne pas exprimer clairement ce qui nous dérange ?
On nous fait croire que c’est mieux de ne pas faire de vague, de prendre sur nous.
On nous fait croire que c’est parce qu’on sera mieux vu, qu’on gardera notre dignité.
Mais c’est un mensonge.
Un pur mensonge.
C’est juste une façon de nous faire taire.
Parce qu’un monde en colère c’est un monde qui évolue, qui change.
La colère est vecteur de changement.
Sans elle, je crois que tout reste plat. Tout similaire.
Être en colère c’est ce qui nous permet d’évoluer. D’être encore plus alignée. De nous rapprocher de notre vérité.
Et je crois que c’est en la laissant sortir, tranquillement, à chaque fois qu’on la ressent, qu’elle arrête de nous posséder.
Je crois que l’impulsivité, c’est juste lié au fait de ne pas laisser sortir cette colère.
De la garder.
De la mettre sous le tapis.
De ne pas l’exprimer.
C’est juste de la colère refoulée, niée.
De la colère dont on a honte.
Alors que la colère est saine. Vitale même.
C’est comme un robinet, qu’il faut ouvrir au compte goutte. Si on attend que le robinet soit plein, quand on l’ouvre ça explose.
Ça fait mal. Ça éclabousse.
Alors que si on l’ouvre doucement, petit à petit, en plusieurs fois, l’eau s’écoule tranquillement.
Sans dégât. De façon saine.
Je crois profondément que pour la colère, c’est pareil.
Soyez en colère.
Soyez fière d’être en colère.
Laissez la sortir de façon saine.
Elle est votre plus grand vecteur de transformation.
J’espère que ces mots vous auront apaisé, comme ils ont pu le faire lorsque j’ai compris qu’il n’y avait aucune honte à ressentir.
J’espère qu’ils vous auront permis de voir cette émotion sous un autre angle. Car je suis profondément convaincue que la colère mérite d’être applaudie, et non niée. Non mise sous le tapis. Non refoulée.
Je vous embrasse fort,
À mardi prochain,
Florine