J’ai envie de routine et de liberté à la fois (est-ce que c’est vraiment paradoxal ?)
Ça fait des semaines que ce sujet me travaille.
Mais je ne me sentais pas légitime d’en parler.
J’avais l’impression d’être torturée, « pourrie gâtée ».
Et puis j’ai vu de nombreuses personnes l’aborder. L’exprimer.
J’ai vu ça comme un signe.
« Non je ne suis pas seule. »
« Non je ne suis pas incomprise. »
Ca m’a fait du bien, de voir qu’on est beaucoup, je crois, à ressentir ce paradoxe.
Peut-être même que nous le ressentons tous, à un degré différent.
Ce profond besoin de stabilité, de routine.
De construire quelque chose de solide.
Des fondations, une vie, un entourage, un travail.
Et à la fois cette envie viscérale de liberté, de bouger, de partir.
Quand j’ai l’un, je veux l’autre.
Et quand j’ai l’autre, je veux l’un.
C’est un ping-pong incessant.
Depuis un an déjà, vous le savez maintenant, je construis ma vie ici, dans les Alpes.
J’ai un travail, des habitudes, un appartement, mes randonnées le week-end, des proches, mon sport.
J’ai une vie stable, routinière la semaine et aventurière le week-end.
Et j’aime ça.
J’ai besoin de ça.
Mon corps me le fait même savoir : en quelques mois j’ai retrouvé mon poids d’origine.
Mon acné a disparu.
Mes cheveux sont plus vigoureux, plus solides.
Ça peut paraître anodin, mais je crois profondément que c’est un signe.
Un signe d’alignement.
Un signe de sécurité.
Un signe de « tout va bien ».
Sur les réseaux, la sécurité, la routine, la stabilité est, je trouve, de plus en plus critiquée.
Comme s’il fallait éviter le confort à tout prix. Toujours sortir de sa zone de confort. Toujours chercher plus loin.
J’y ai cru, j’y ai vraiment cru.
Pourtant qu’est-ce que c’est agréable d’avoir sa routine.
D’être stable, de se sentir ancrée, de savoir où l’on va et qui l’on est.
Et je ne crois pas que ce soit un manque de liberté.
Je crois justement que c’est dans la stabilité, que l’on peut se sentir libre.
C’est quand on a un cadre, que l’on peut se mouvoir à l’intérieur en toute liberté.
L’eau a besoin du verre pour être contenue et exister.
Je crois que c’est pareil pour la liberté : la liberté c’est l’eau, le verre c’est la stabilité.
La liberté c’est le contenu, la stabilité c’est le contenant.
Et pourtant.
Pourtant, dès que ça devient un peu trop routinier, un peu trop toujours pareil, un peu trop difficile aussi peut-être, je veux partir.
Je ne sais pas si c’est une fuite.
Mais à chaque fois je veux partir. Loin.
Tout plaquer, tout quitter.
À chaque fois, j’ai ce besoin d’aventure qui refait surface.
Comme un appel.
Comme une nécessité.
Un coup je veux partir en van en Nouvelle Zélande.
Un coup je veux partir au Canada en voilier.
Un coup je veux aller m’enfermer dans une cabane en Ariège et écrire un livre.
Un coup je veux partir faire une retraite d’un mois dans les Alpes.
Pourtant j’aime ma vie ici.
Profondément.
Mais c’est comme si je me sentais parfois enfermée. Comme si j’avais parfois besoin d’une bouffée d’air frais.
Et c’est exacerbé, avec tous ces gens que l’on voit partir sur les réseaux sociaux.
Ça nous fait croire que chez nous, ce n’est pas assez.
Que c’est mieux d’être loin.
Que là-bas, on sera plus libre.
Que là-bas, on retrouvera l’aventure dont on à l’impression de tant manquer.
Alors à chaque fois j’essaie de me poser avec ces idées.
Je fais mes recherches.
Et je réalise que ce n’est pas partir loin que je veux, mais juste sortir de mon quotidien.
Sans forcément partir loin.
Parce que je suis bien là où je suis.
On voit tellement Bali sur les réseaux que parfois, je me vois prendre le rêve des autres et vouloir aller y vivre.
Mais non. Ce n’est pas mon rêve à moi, c’est celui que je vois tellement que je finis par prendre pour le mien.
C’est pareil pour les PVT.
Je ne dis pas que ce n’est pas le rêve de certains. Je dis juste que ce n’est pas le mien.
C’est facile de se perdre dans le rêve des autres, en passant sous silence tous les inconvénients qui vont avec.
Ce n’est pas en partant que l’on retrouvera la liberté et l’aventure dont on manquent tant.
C’est en la cherchant déjà, ici et maintenant.
Dans notre quotidien.
Parce que je crois que ce n’est pas en partant loin que l’on résoudra nos problèmes.
Au contraire.
C’est là-bas qu’on les verra pleinement, entiers, et qu’on ne pourra plus les cacher.
Chez moi, ce besoin de partir loin est, je crois, une fuite.
Une pulsion. Que je dois prendre le temps d’analyser pour ne pas y succomber.
En revanche, cet élan de partir m’enfermer dans une cabane et écrire, ça oui.
Cet élan de partir un jour voyager en train ou en bateau, ça oui.
Ça, c’est l’aventure qui m’anime.
Parce que je sais que quand je reviendrai, j’aurai une vie construite ici.
Un contenant solide, stable, dans lequel me réancrer et retrouver mon alignement.
Je crois aussi que l’aventure, ça se crée dans notre quotidien.
Partir en bivouac le week-end.
Partir dans le sud sur un coup de tête.
S’inscrire à un stage de voile.
Commencer à écrire un livre.
Lancer un programme d’hypnose.
L’aventure ça se trouve partout, ça se crée partout.
Moi c’est ici, dans les montagnes, que je la fait naître le plus facilement.
C’est ici qu’elle m’appelle et qu’elle comble ce besoin d’ailleurs.
Ce besoin d’intensité.
Ce besoin de grand.
Je crois que c’est humain, de vouloir la stabilité et la liberté à la fois. Je ne crois pas que ce soit paradoxal. Je crois que c’est juste ça, être vivant.
Un ping-pong constant entre désirer ce que l’on a pas et remercier pour ce que l’on a déjà.
Et je ne crois pas que ce soit être ingrat.
C’est juste le signe que l’on a encore des rêves auxquels on croit.
C’est juste le signe que l’on a pas perdu notre flamme.
Notre élan.
Notre passion.
Dites-moi si ça résonne, si ça vous parle.
Je serai vraiment curieuse de le savoir !
Je vous embrasse fort,
Florine