Survivre aux fêtes en tant qu’introvertie (et toute l’année aussi)

Ça y est, on est en plein dans la période des fêtes.

En tant qu’introvertie, c’est une période qui peut être difficile à vivre, je crois. 

Parce que nos limites, notre équilibre et notre santé mentale sont mis à rude épreuve.

Encore plus que d’habitude. 

Je vous en parlais dans l’article de la semaine dernière.

Depuis 5 ans maintenant, je ressens profondément que je suis introvertie. J’ai mis du temps à le comprendre, et encore plus à l’accepter. 

J’ai besoin de beaucoup de temps calmes. 

J’ai besoin de recharger régulièrement mes batteries, parce que je me sens vite vidée par les échanges, par les bruits, par le mouvement autour de moi. 

Être en ville m’épuise. 

Voir plusieurs personnes à la fois pendant plusieurs heures m’épuise. 

Enchaîner plusieurs activités dans une seule journée m’épuise. 

Mais ce n’est pas seulement ça. 

Lorsque j’ai seulement des discussions « small talk » pendant plusieurs heures, je me sens vidée. Pas nourrie.

Ça peut paraître bête, pourtant je réalise aujourd’hui l’impact que ça a sur mon énergie. Avoir des débats, des discussions sur des sujets profonds pour moi, m’énergise et me dynamise. 

Pire encore.

Je comprends aussi que trop de bruits, trop d’odeurs, trop de stimulations extérieures m’essorent et me laissent complètement vide. Si le restaurant dans lequel je suis est trop bruyant, j’ai envie de m’enfuir. 

Et ce n’est pas toujours pratique.

Par exemple, passer une journée avec mes collègues, hors de chez moi, m’épuise profondément. J’adore, ça me stimule, mais ça m’épuise. 

Quand je rentre de ces journées, je me sens profondément vidée. Voire oppressée.

J’ai un besoin viscéral de rentrer chez moi, dans mon univers, au calme, et de ne parler à plus personne. D’être juste seule, dans ma tanière.

Comme si je pouvais à nouveau me sentir en sécurité.

Comme si je n’avais plus à sourire, à parler, à donner.

Parce que c’est exactement ce que je ressens quand je vois des gens : je donne de mon énergie.

Ça m’a pris du temps, de comprendre qu’en tant qu’introvertie, les échanges me vident. Et que c’est en étant seule, que je me recharge. Parce que j’adore voir des gens. Vraiment.

Quand je vois mes amies, mes proches, je suis profondément ravie. Je suis même à 200%.

Mais ça vient puiser dans mes batteries.

Malheureusement, on en arrive vite à se comparer. En tout cas, je sais que pendant longtemps - et encore maintenant en réalité, je l’ai fait. 

Je l’ai fait parce que j’étais frustrée d’être vite fatiguée. 

J’étais frustrée de ne pas pouvoir faire tout ce que je voulais. 

J’étais frustrée de devoir dire non, de limiter mes sorties, de devoir prendre beaucoup de temps seule. 

Ça aussi, j’en parlais la semaine dernière, mais ça a vraiment créé beaucoup de frustration en moi. 

« Pourquoi je ne suis pas comme les autres ? Pourquoi j’ai besoin d’autant de temps seule ? Pourquoi je suis autant épuisée quand je vois des gens ? » 

J’ai cru que j’avais un problème, que je devais travailler mon énergie. 

Je faisais même des méditations pour me « donner de l’énergie ». 

Mais c’était n’importe quoi, ça n’avait rien à voir.

Je suis juste une profonde introvertie.

Et ça, je dois l’accepter. 

Même si notre société met en valeur l’action, je dois accepter que j’ai besoin, chaque jour, d’avoir mon temps seule.

Autrement, j’ai l’impression d’exploser. Et sortir courir 30 minutes suffit.

Ça peut paraître simple, pourtant c’est si facile de l’oublier. Ou de ne pas le faire passer en priorité :

« C’est pas grave, je prendrai du temps pour moi demain, il faut que je profite de mon amie ». 

Mais si je ne suis pas bien avec moi-même, je ne pourrai pas être à 100% avec les autres.

Mes batteries ne seront pas pleines.

Je serai déjà à moitié vidée, en arrivant. Et je n’aurai pas grand chose à donner.

Ou en tout cas, pas l’entièreté de mon écoute, de mon attention, de mon amour. 

Ce sera bien, mais ça se fera dans la lutte. La lutte pour garder mon énergie, pour être « à fond », pour « être bien ».

Et la personne en face ne mérite pas ça, ni moi.

Au fond, personne n’y gagne. 

C’est difficile à exprimer, à expliquer, ce besoin de temps pour soi. Surtout selon les contextes.

Avec mes amies les plus proches, j’y arrive. Avec ma sœur et mon copain, aussi.

J’arrive à leur dire « Désolé, ce n’est pas contre toi, mais j’ai besoin de temps pour moi ». Ne plus parler, sortir prendre un café seule, partir courir, ou lire mon livre dans mon coin. 

Mais ça a pris du temps. Qu’ils comprennent mon fonctionnement, et que j’arrive à l’exprimer sans culpabiliser (ça c’est encore en cours, en réalité). 

J’ai toujours l’impression d’être la « relou », la « chiante », la « trop sensible ». 

J’ai toujours peur qu’ils le prennent mal, qu’ils ne comprennent pas. 

Parce que cette sensibilité-là n’a jamais été mise en avant, dans notre monde. 

Elle a toujours été rabaissée, au profit de l’action et du mouvement. 

Comme si c’était mieux de voir beaucoup de monde, d’avoir un agenda rempli, de ne pas avoir « une minute à soi », de ne pas avoir de week-end disponible jusqu’à mai prochain…

 

Mais pourquoi. 

Pourquoi calquer un modèle qui ne convient qu’à une moitié de la population

On a décrété que c’était mieux d’être extravertie.

Pas de façon officielle, mais c’est ce que la société nous fait comprendre. C’est ce qui est valorisé. Parce que c’est à ces gens que l’on répond « oh, génial, tu as une sacrée vie ». Pas à ceux qui restent chez eux tranquillement. 

Et ce n’est pas se victimiser de dire ça, c’est simplement commencer à mieux se connaître, et à comprendre pourquoi ça a pris tant de temps.

Ça m’a pris du temps, parce que je refusais mon fonctionnement.

Je voulais à tout prix être cette fille stylée, à l’agenda surchargé. Pour être intégrée, pour être aimée.

Mais à quel prix ?

Quand on ne se connaît pas, c’est facile de croire que l’on est le problème.

J’ai souvent eu ça, face à des proches extravertis. Je me disais que je n’étais pas normale, que je devais faire un effort, que je devais me pousser. Alors qu’on fonctionne simplement à l’exact opposé.

Mon propre père, par exemple, est un pur extraverti.

Voir des gens le recharge, le stimule, l’énergise. Sans ça, il se vide. 

Pire encore.

Je me sens parfois coupable. Coupable de prendre du temps pour moi, et de négliger le temps passé avec mes proches. 

Je me sens coupable de ne pas assez profiter d’eux. J’ai cette petite voix dans ma tête qui me répète sans cesse à quel point je suis égoïste.

Surtout quand je les vois peu. 

Ma sœur vit en Tanzanie, alors quand elle rentre, j’ai envie de profiter de chaque minute avec elle. Même si ça m’épuise.

Je ne prends pas ce temps seule.

Et au final je me demande : est-ce que j’aurai vraiment plus profité ? Est-ce que j’aurai vraiment plus profité, alors que je suis épuisée ? 

À Noël, ça va être pareil. Je vois peu ma famille, alors je vais vouloir profiter.

Encore pire, c’est une période de fêtes, alors il faut être joyeux, raconter les dernières nouvelles, boire du vin, veiller tard, enchaîner les repas sans fin.

Et c’est génial. Mais c’est aussi épuisant.

Je sais pertinemment que c’est une période de l’année où je m’oublie profondément.

Chaque fois, ça me le fait. Ça me rend profondément heureuse de les voir, de profiter, mais je sors de ça épuisée. 

Et je ne pense pas que je sois la seule, ça m’étonnerait. 

Je pense qu’on est des milliers, à être sur le fil rouge, à ce moment de l’année. À pousser nos limites, à nous oublier. 

Je pense qu’on est des milliers, à nous sentir coupables d’avoir besoin de rentrer chez nous.

Encore plus coupables, parce qu’on sait la chance qu’on a d’être entourées.

Mais ce n’est pas contre eux, ni contre qui que ce soit. À chaque fois qu’on a besoin d’être seules, ce n’est contre personne, c’est pour nous-même.

Je crois que c’est ça, la nuance que j’ai mis des années à intégrer. 

Alors cette année, pour les fêtes, je vais essayer de prendre soin de moi.

De prendre du temps pour moi.

De sortir écouter mon podcast quand j’ai besoin de me nourrir.

D’aller courir quand j’ai besoin de me défouler.

De rester dans ma chambre, seule, quand j’ai besoin de ne voir personne. 

Je vais essayer de trouver un meilleur équilibre, pour ne pas me cramer.

Pour ne pas commencer 2026 complètement épuisée.

D’autant plus que le passage à la nouvelle année est un temps d’introspection, de recul. Un temps où l’on fait un bilan de l’année écoulée, et un temps où l’on pose les fondations de l’année à venir.

C’est un passage, pour lequel il faut de l’énergie.

Alors je vous souhaite à toutes, introverties ou extraverties, de trouver votre équilibre en ces fêtes de fin d’année.

De vous écouter. Il n’y a rien de mauvais à être l’un ou l’autre. Je crois de toute façon que nous sommes un mélange des deux, simplement à un degré différent.

Il faut, je crois, simplement se connaître et l’accepter. Accepter notre fonctionnement, ne pas être en lutte constante contre nous-même, et oser l’assumer.

Oser dire stop quand c’est trop, oser se replier, oser rester seule alors même qu’on nous demande de voir du monde.

Osez vous écouter, osez vous assumer, osez être vous-même, car c’est le plus beau cadeau que vous puissiez faire, à vous-même mais surtout à ceux qui vous entourent.

Car il n’y a rien de plus beau, que de voir ses proches pleinement épanouis et assumés. 

Je vous embrasse fort,

À mardi prochain,

Florine

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